J3 – Samedi (Sia, Massive Attack, etc) @ Way Out West

Deux Coups de Coeur suédois

Dernière journée de festival avec la tête d’affiche qui m’a donc fait venir ici : Sia. Avant cela, la journée débute tout d’abord par l’une des belles surprises de ces 3 jours : Amanda Bergman. Une chanteuse folk suédoise qui en écrivant ceci, vient de me rappeler Ben Kweller (il me manque un peu). Autant pour les bouclettes que pour le mixte chant-piano. Une musique relaxante et une attitude détendue : Ses petits mouvements sur soi-même sur un pied, je suis fan. C’est bien cool pour débuter, pour être totalement juste : Sa voix m’émeut autant qu’elle m’émoustille. Et en plus, elle sait admirablement s’accompagner sur ce set : Tallest Man On Earth (ils sont mariés) et l’un des groupes indés suédois les plus célèbres : First Aid Kit  (elle en a fait des premières parties). Ça pose quelques références pour la prendre au sérieux. Je suis séduit, et l’écoute de l’album Docks post-festival me confirme cela : L’une des plus belles choses à écouter de cette année (belle critique en anglais à lire ici). Et plus de jolies photos ici. Ainsi qu’un très beau live à Malmö équivalent à celui au WOW. Faites-vous plaisir. Malheureusement, aucun merchandising disponible sur place.

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Je vais alors finir de passer ma frustration en achetant un vinyle de Daniel Norgren, qui joue au même moment. Je ne vous donne pas sa nationalité, vous la devinerez. Lui a en revanche suffisamment passé les frontières pour se faire un nom en Europe. C’est qu’il en est déjà à plus de 5 albums. Il y’a une touche de Bon Iver – sans rien lui devoir – dans l’instrumentalisation et l’atmosphère envoutante de sa discographie. Avec en option, piano et harmonica. Pour donner une touche unique à ses inspirations qui vont chercher dans toute la vieille Amérique (folk, blues, country, gospel), il utilise du vieux matériel des années 70 et 80 sur son avant-dernier album de 2015 Alabursy, produit pour moitié chez lui.

Sans réelle envie, on va voir Eagles Of Death Metal qui ont été annulé des festivals français suite à l’absurdité américaine démentielle de son leader. J’espère ironiquement au mieux un dérapage verbal puisque ce n’est justement pas l’endroit pour compte tenu des valeurs du festival et de l’éducation des festivaliers. Puis un petit tour rapide sur leur setlist en festival pour constater que Wanna Be In LA n’en est même pas : Inutile de rester.

Scène DungenPour la première fois on va visiter la scène abandonnée Dungen (et accessoirement tester les casques de réalité virtuelle). Seulement une vingtaine de personnes devant Audur. Ce n’est pas forcément nul, mais l’atmosphère est trop étrange.

C’est de nouveau un nom scandinave qui va me convaincre, la norvégienne Ane Brun. Une imposante présence sur scène, qui captive le regard. Elle a une dizaine d’albums derrière elle, des musiciens expérimentés de différentes familles d’instruments et une bonne reconnaissance qui lui permet  de nous offrir le meilleur concert possible. Une artiste justement influencée par Nick Drake, ou Berth Orthon (selon Wikipédia) qui joue au même moment sur une autre scène. Pour le détail, notons qu’elle nous aura joué une reprise de BeyonceHalo.

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Jack GarrattOn retrouve un artiste plus à la mode ensuite : Jack Garratt, seul avec sa boite à rythmes, sa guitare électrique et son clavier. Un set habité sous un chapiteau surpeuplé. Il en rigolera :

  • Je vais dire à ma mère : « Woh tu aurais vu ils étaient tellement nombreux pour me voir. » Et elle me dira qu’ils ne sont venus que parce qu’il pleut.

C’est en partie vrai car la météo continue d’être affreuse avec nous, mais cela n’enlève rien à l’amour qu’il reçoit des festivaliers, et un peu moins du mien. Je brave la pluie pour voir le rappeur Big Sean qui va répandre sa bonne humeur. Les festivaliers sont bien motivés et ils n’hésiteront pas à faire des pogos. La Suède est une surprenante terre d’accueil pour les rappeurs.

Je n’ai ensuite plus le courage de traverser le passage plein de boue menant vers Linné pour Stormzy, qui d’après les retours a été l’un des grands concerts du festival. Je me repose alors pendant le DJ Set de Jamie XX, qui ne m’est d’aucun intérêt. C’est assez facile d’en conclure que c’était la pire chose de ces 3 jours.

Seinabo Sey, Diva Soul ?

Les gens se tassent rapidement pour voir Seinabo Sey, l’un des gros noms sur l’affiche du festival. Inconnu chez moi mais qui dégage l’aura d’une diva soul ou d’une Adèle chez eux. Certes, j’apprécie la musique mais ce concert quasi mystique pour la foule m’étonne. Elle n’hésite pas à aborder des sujets qui lui sont sensibles dont #BlackLivesMatter, parfois avec des clips pour accompagner ses morceaux. A souligner par ailleurs la magnifique fresque en fond de scène. La suédoise occupe sinon correctement l’espace, malgré la prévisibilité du concert, grâce aux choeurs gospel qui prennent parfois les devants le temps de quelques passages musicaux.

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Clôture avec Massive Attack et la tant attendue Sia

Constatant que les gens commencent déjà à se mettre en position pour Sia alors même que les Massive Attack ont à peine débuté leur set, je décide finalement d’en suivre le même chemin. Massive Attack se suivra donc de loin, par le son, le show visuel et les écrans géants. Pas les conditions idéales mais malgré tout le constat d’un concert assez ennuyant. Jamais en transe. Pas plus que l’on plane. Et un show visuel d’une tristesse assez affligeante pour notre époque (autant s’en passer). Maintenant une dizaine d’années qu’ils se trainent un code informatique continu en guise d’images. Et quelques messages politiques. « C’est mignon ». Au moins, contrairement à Morrissey ils n’oublieront pas les victimes au Moyen-Orient, etc.

Place à Sia, ce genre d’artiste qui peut marquer l’Histoire d’un festival. Nous sommes déjà persuadés de vivre un show unique. Reste à savoir si la danse est réellement efficace en live. A titre personnel, c’était donc l’artiste qui a décidé de ma venue à Göteborg. Surtout pour le mythique Breathe Me (coucou Six Feet Under), ma chanson préférée all-time. L’émotion ne viendra pas tant que ça sur ce titre, mais dès l’introduction du concert avec l’apparition merveilleuse de Sia et des danseurs. De nombreux titres seront sans surprise repris par la foule.

Pour le show en lui-même, comme vous l’imaginez Sia se tient en retrait des danseurs (sauf erreur : Kristen Wiig, Tig Notaro, Paul Dano & Maddie Ziegler). En même temps que la diffusion d’un film pré-enregistré sur les écrans géants, la danse est retranscrite à l’identique en live. J’avais beau être dans les premiers rangs, le résultat restait si bluffant qu’on pouvait en douter : Les écrans géants diffusent-ils en live ou bien ce sont des vidéos enregistrées ? On ne constate que de très rares décalages d’une seconde pendant l’heure de concert. Et surtout des jeux de lumières époustouflants. Mais on ne sait plus trop si c’est la scène ou les écrans géants qui nous éblouissent. Le tout se mélange dans un ensemble très cohérent mais trompeur. Cela impose cependant un rythme quasi robotique à Sia pour dérouler à la perfection son concert d’une heure.

Alors certes, il y’a quelque chose de « faux » en cela, mais c’est inévitable pour offrir toute l’émotion des danseurs et danseuses. Cela serait suicidaire de laisser ça aux mains des caméramans. En tout cas, on s’y croit. Chacun se fera alors son opinion sur la définition d’un concert. Sia sort t’elle trop du cadre classique ? Est-ce du génie ? Est-ce qu’elle est pas un peu chiante à se produire masquée ? Je n’ai pas réellement d’opinion.

A vrai dire, j’avais des doutes et ne me berçait pas d’illusions avant son concert (que je voulais surtout pour Breathe Me). Mais au final je me considère plutôt agréablement surpris. A l’inverse, j’ai eu un peu de mal sur Breathe Me, rare titre ancien de son set et donc originellement sans aucun lien avec le « spectacle théâtral ». Dans ce cas, j’ai donc préféré fermer les yeux et oublier la scène.

La voir il y’a quelques années, vulnérable et sensible, dans une petite salle avant son succès commercial aurait évidemment eu ma préférence. Qu’importe de se passer des tubes des derniers albums. Mais on ne peut pas refaire l’Histoire d’une époque révolue. Aujourd’hui, en acceptant le fait qu’elle soit une tête d’affiche, elle nous offre peut-être ce qu’il y’a de mieux à nous offrir sur une Grande Scène. Un show qui la met certes en retrait – sa voix n’en reste pas moins magnifique – mais unique et réussi. Et c’est probablement ce qu’il faudra en retenir. Elle s’autorisera un retour un peu plus commun à la vie lors d’un vulgaire « Merde, je me suis planté sur les paroles » au micro.

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La soirée s’arrêtera musicalement sur çà puisque le Stay Out West se soldera par notre premier échec : Impossible de rentrer dans le jazz-club Nefertiti malgré une heure d’attente pour voir Postijonen, qu’on vous recommande néanmoins.