J1 – Jeudi (Morrissey, TLSP, Dagny, etc) @ Way Out West

Le festival suédois a le bon goût de proposer dès la veille de venir récupérer nos bracelets. De ce fait, on ne perd pas de temps à l’ouverture et l’entrée se fait de façon relativement fluide. On peut écouter le chant foklorique de Basia Bulat et commencer à repérer les lieux avant Jason Isbell.

Proche d’une parité hommes-femmes

Je profite de ce premier acte féminin pour noter que comme au Green Man Festival, les organisateurs veillent à mettre en valeur les artistes féminines : 6 des 12 actes principaux (3 scènes) ont pour « leader » une femme. Le vendredi, on en retrouve 7 sur 15. C’est moins le cas samedi avec 4 artistes sur 14, mais 3 des 4 artistes de la scène principale leur font honneur. Et surtout, 2 des 3 têtes d’affiches sont féminines : PJ Harvey & Sia. Ce constat reste largement valable pour les concerts en salle. Il ne s’agit pas d’exiger la « parité parfaite » (un festival programme aussi selon les goûts et opportunités) mais c’est intéressant de le noter. En comparant ces chiffres aux autres festivals on se rend d’autant plus compte de l’effort. Il n’est pas reproduit aussi facilement ailleurs. Sur les 26 actes des 2 scènes principales de Rock en Seine, on ne retrouve que Blues Pills (1 chanteuse & 3 musiciens masculins) ! C’est « mieux » sur les 2 scènes suivantes avec un approximatif 7-8/30. On pourrait également s’amuser à le faire pour la RDR, le Main Square, Pukkelpop, etc qu’on resterait très loin du résultat du Way Out West.

Jason IsbellMais notre journée continue donc avec Jason Isbell, songwriter américain revenu de quelques déboires sentimentaux et d’addictions, il est fidèle à ses origines d’Alabama puisqu’on lui retrouve toute la country qui définit cette région. Ce n’est malheureusement pour lui pas forcément la meilleure scène pour cela.

Daughter & Chvrches attendus

DaughterOn se rend sous le chapiteau de Linné pour un enième concert à titre personnel de Daughter. Je ne suis plus beaucoup surpris des lives du groupe, que je connais parfaitement mais c’est toujours un plaisir. Bien que l’enrobage un peu plus éléctro et rock de cette tournée Not To Disappear ne me fasse pas aussi plaisir que sur les tournées de l’album If You Leave. Cette légère évolution reste toutefois largement compréhensible. Pour le reste, c’est le groupe que l’on a vu au premier jour : Sur scène, aucun mouvement. Elena Tonra toujours étouffée par sa timidité lorsqu’elle prend l’initiative de dire quelques mots aux fans. On les aime ainsi. Ils étaient en tout cas très attendus, notamment pour le single Youth, repris un peu par la foule. Des suédoises devant moi étaient même à la limite de pleurer.

DSC03342DSC03345Direction ensuite M83 puis CHVRCHES. Quelques plaintes de festivaliers reprochaient au festival de faire jouer ces 2 groupes tôt (16h25 et 17h40), pas l’idéal selon eux pour des groupes qui nous amènent à danser. Ce n’est en tout pas mon avis, ni ce qui m’a dérangé. Tout d’abord, le set de M83 m’a plutôt plu. Le tube qu’on a trop entendu Hurry Up, we’re dreaming évacué de ma mémoire, c’était devenu le bon moment pour voir le groupe. J’ai été agréablement surpris par le fait que ce seul représentant français du festival soit accompagné de deux chanteuses (dont Mai Lan), rendant le live plus varié et vivant.

Chvrches est très populaire en Suède et tout le monde les attendait. Il est vrai que, en dépit de chansons qui se différencient pas toujours suffisamment et d’une voix aiguë pouvant agacer, on a l’impression de n’entendre que des hits. C’était d’autant plus cool que Lauren Mayberry est d’une humeur toujours rafraichissante. Après avoir moi-même constaté une coordination « douteuse » de ses mouvements, elle expliquera en rigolant et en nous en faisant la démonstration que le sol très glissant l’oblige à se déplacer et danser de façon peut-être un peu étrange. Avant d’en placer une autre pour encourager les festivaliers se rendant aux toilettes. Elle laissera le devant de la scène au claviériste le temps de deux chansons. Un concert de jour, lumineux, que j’ai plus apprécié que le dernier vu d’eux au Pitchfork Festival. Comme quoi..

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The Last Shadow Puppets

Premier « gros » nom du festival avec le duo Miles Kane – Alex Turner pour TLSP. Mais ici, ils semblent loin de jouer telle une tête d’affiche. Une bonne nouvelle puisque ça m’évite de voir et entendre des groupies d’Alex Turner. C’est déjà le seul groupe où je tolère ce dernier, puisque son charisme surjoué mais pourtant inexistant avec les Arctic Monkeys est au moins partagé avec son pote dans cette formation. Après un début un peu mou, quelques titres (pas les meilleurs) de Miles Kane (Bad Habit) ou anciens titres des AM vont nous rendre le concert de plus en plus appréciable. Les deux membres sont complices et s’éclatent vraiment sur scène, se décidant également sur l’instant de nous jouer une reprise de Leonard Cohen. On apprécie de les voir s’octroyer quelques libertés au cours du set. C’est loin d’être la folie dans le public, mais c’est un très bon moment passé.

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« La suite va vous surprendre »

Chelsea WolfeAprès TLSP, la soirée anglaise continue avec The Libertines. Mais finalement non. A la surprise générale (sic), le groupe de Carl Barât et Pete Doherty doit annuler son concert du jour. Vous devinerez que le problème vient de ce dernier, pas présent en temps et en heure sur le festival tandis que le reste du groupe l’attend. Le groupe jouera finalement le lendemain. On se rend alors devant Chelsea Wolfe, dont on entend que du bien. Du rock gothique assez étouffant et loin des styles musicaux qu’on a pu entendre jusque-là. Pas vraiment convaincu.

 

Dans un clash Morrissey – Kaytranada, je vais finalement passer toute la fin de la soirée devant le célèbre membre des Smiths. Inutile de faire semblant, je ne connaissais pas sa discographique avant l’annonce du WOW. Mais j’ai commencé à apprécier ensuite et ce concert sera fidèle à ma toute récente opinion du chanteur. Pourtant, des critiques sur ses concerts (en 2015 et avant) semaient le doute chez moi. Ce « vieux » crooner est en pleine forme et interprète parfaitement ses titres, pas moins de 21 dont 2 reprise des Smiths. Fidèle à ses engagements (il ne joue que dans des festivals végétariens), des clips (ou diaporamas) viennent illustrer toutes ses chansons. Parfois, en pouvant faire tirer du cœur des festivaliers. La violence policière, Donald Trump, le traitement des animaux, les espagnols et la corrida, la monarchie anglaise et son Brexit, ça part dans tout les sens. Quelques hommages évidemment aux victimes des attentats. Et la première petite « faute de goût » pour quelqu’un dont la vie animale est égale de celle des Hommes : Les attentats « non-populaires » (c-a-d ni Paris, ni Nice) sont oubliés. Pas cool pour eux. On quittera cette journée sur cette belle image : Un fan se frayera un chemin sur scène avant d’être arrêté par la sécurité. Morrissey lui donnera malgré tout le câlin qu’il était venu chercher.

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La prochaine star : Dagny ?

Après la légende Morrissey, on quitte le parc du Way Out West pour le festival itinérant de nuit Stay Out West : Direction le bar-club de Pustervik pour y voir l’artiste Dagny, que certains médias nationaux et internationaux qualifient déjà de prochaine popstar. Y compris le plus surprenant Forbes qui analyse l’évolution sur les réseaux sociaux : Si ses pages restent confidentielles, elles montrent déjà que les fans sont beaucoup plus actifs que la normale. Son tube Backbeat (aussi appréciable en clip qu’en live) a lui déjà été écouté plus de 20 millions de fois sur Spotify. Une définition de « popstar » qui lui sied plutôt bien puisqu’elle-même dit avoir grandit en écoutant les Spice Girls.

Le Pustervik est à 15 minutes de marche et dispose de 2 salles : L’une devant faire l’équivalent de 400 places, et une seconde « ridicule » à l’étage autour de 50 places. C’est ici que s’est produite la norvégienne. Même le pied de micro du batteur tenait sur le rebord de la fenêtre. Sur la toile, seulement deux titres sont disponibles mais elle a pu nous en jouer 9 ce soir. Des hymnes « pop » joyeuses, festives, dansantes qui ont effectivement pour beaucoup des allures de « prochain tube », sans le côté péjoratif qu’on peut entendre par « popstar ». Du contenu devrait sortir avant la fin de l’année (MaJ : EP « ULTRAVIOLET » annoncé pour le 2 septembre) pour celle qui habite aujourd’hui entre Tromsø et Londres. On notera quand même qu’elle est assistée de 3 membres, dont son petit ami et meilleur ami.

En définitive, Dagny a toutes les cartes dans ses mains. Elle a la voix, les chansons, l’énergie, le sourire et le physique (ça aide toujours) pour réussir sa carrière musicale. Un profil (et une réussite ?) qui pourrait de plus en plus ressembler à Taylor Swift. En tout cas, Dagny assume cette pop-culture qu’elle a un temps pensé pouvoir renier. Ce qui la rend d’autant plus dangereuse et prometteuse. Début de réponse le 2 septembre donc.

Après cela, nous nous sommes dirigés vers le Jazz club Nefertiti dont la salle se trouve en sous-sol pour écouter Moon City Boys, qui comme le nom ne l’indique pas se compose de 4 filles. Une belle claque. C’est quand même beaucoup plus sérieux que cette mauvaise hype sur les Hinds.

Cette première journée se termine donc parfaitement, autour de 2h30. On regrettera de cette journée ne pas avoir vu Trixie Whitley, FIDLAR ou Peter Bjorn & John. Le Stay Out West est aussi cool qu’il impose des choix cornéliens avec toutes ces salles.